Rares sont les entraîneurs aussi célèbres sur la planète tout en étant aussi clivants. Dans cette catégorie bien particulière de techniciens, nous pouvons évoquer d’instinct José Mourinho et, sans doute, Pep Guardiola. Mais celui qui nous vient d’emblée au Phénix United c’est bien Marcelo Bielsa ! « El Loco » Bielsa n’a assurément pas le même palmarès. Il n’a pas -non plus- été à la tête de calibres équivalents. Lorsqu’on évoque l’entraîneur argentin, il provoque presque à chaque fois soit un véritable culte, soit un rejet absolu.
Les causes ? Sans doute, son intégrité et son style de jeu offensif à l’excès ! Dès son retour en PL, le Leeds de Bielsa a déjà battu le nombre de buts inscrits lors des rencontres d’une équipe après deux journées de championnat (14 buts !!). Le précédent record datait de la saison 1962-1963…Une autre époque…Un autre football…Et surtout, une bonne raison, pour nous, de lui consacrer un article.
Table des matières
La philosophie de jeu de Marcelo Bielsa
Sous ses allures de vieil oncle en jogging et pas toujours facile, Marcelo Bielsa est plus qu’un entraîneur, c’est un véritable personnage qui est au football ce que Matisse est à la peinture : un esthète obsessionnel.
Marcelo Bielsa : Un caractère et des convictions
L’homme de Rosario a effectivement du caractère. Il en faut pour être capable de muer un idéal de jeu en expression collective. Marcelo Bielsa est exigeant avec les autres, cependant cette exigence est à la hauteur de celle qu’il s’impose à lui-même. Pour mettre en place son système de jeu, Bielsa demande à son effectif d’être pleinement investi physiquement et mentalement. Les joueurs doivent avoir -tout au long de la saison- une hygiène de vie irréprochable pour répondre aux exigences des éprouvants entraînements d’El Loco. Dans le même temps, Marcelo Bielsa s’applique une discipline de fer dans l’analyse des matches. Par exemple, avant de débarquer dans un club, il étudie l’ensemble des matches de la saison passée. Impressionnant surtout lorsqu’on sait qu’il dissèque toutes les rencontres par intervalles de cinq minutes !
L’important, c’est le chemin emprunté, la dignité avec laquelle tu suis le chemin à la recherche de l’objectif fixé
De nature peu expansive, il n’est pas du genre à célébrer les buts et les victoires à outrance. L’Argentin estime que le domaine de la célébration revient aux footballeurs et aux spectateurs. Lui reste quasiment toujours dans l’analyse. Il explique cette tempérance vis à vis de la victoire comme suit: « Quand tu gagnes, le message d’admiration est si confus, il te stimule à la fois l’amour-propre et te le déforme». Bielsa poursuit « Un entraîneur n’est pas meilleur pour ses résultats […] Ce qui a de la valeur, c’est la profondeur du projet, les arguments qui le soutiennent, le développement de l’idée »
Il termine en expliquant « Comme on ne regarde pas pourquoi tu gagnes, peu importe, ils t’adulent pour avoir gagné et non parce que tu méritais de gagner, en ayant vu comment tu as construit ta victoire […] Dans n’importe quelle tâche, tu peux gagner ou perdre, mais l’important est la noblesse des moyens employés. C’est ça l’important. L’important, c’est le chemin emprunté, la dignité avec laquelle tu suis le chemin à la recherche de l’objectif fixé. Le reste, c’est nous vendre une réalité qui n’en est pas une ».
Une véritable intégrité
Le coach argentin n’est pas ce qu’on appelle un pragmatique, mais bien un idéaliste. Pour prendre un point, il ne sacrifiera jamais ses convictions ! Un exemple ? Le 28 Avril 2019, contre Aston Villa ! Après avoir ouvert le score sur une action où un joueur adverse était resté au sol, blessé, Marcelo Bielsa a demandé à ses joueurs de laisser Aston Villa marquer sur l’engagement ! Un geste d’un incroyable fair-play! Surtout lorsque l’on sait que le match se termina par un match nul 1-1 qui priva Leeds de montée directe en Premier League. D’ailleurs dans le même ordre idée -et de mémoire- Marcelo Bielsa n’a jamais lancé de critiques sur l’arbitrage.
Les grands principes de jeu de Bielsa
En France, les amateurs de beau jeu ont, sans doute, encore en mémoire la saison 2014-2015 de l’OM de Marcelo Bielsa en Ligue 1. A défaut de titres, il avait probablement apporté le plus beau football au sein du championnat de France depuis le Nantes de « Coco » Suaudeau lors de la saison 1994-1995. Mais finalement sur quoi repose ce beau jeu prôné par Marcelo Bielsa ?
Un rythme effréné et du jeu
Tout d’abord, ses équipes récupèrent le ballon le plus vite possible pour s’offrir des opportunités de jeu. Pour ce faire, elles imposent un rythme effréné pour que celles-ci pratiquent un pressing haut constant. La préparation physique est donc primordiale dans sa méthode. Par exemple à Leeds, il a débuté par trois semaines d’entraînement intensif et l’organisation de six matchs amicaux ! Ensuite, une fois assimilée sa tactique, ses équipes font tourner rapidement le ballon, jouent sur les côtés et sont capables de mouvements à trente passes avant d’inscrire un but. C’est bien entendu une méthode exigeante et difficile à mettre en place. Il faut donc réussir à faire adhérer l’effectif à son projet de jeu.
Une capacité à transcender ses joueurs
Enfin, quand adhésion il y a, Bielsa possède la capacité à sublimer des joueurs à priori « moyens ». Le technicien sud-américain préfère travailler à la formation des joueurs plutôt que de dépenser des millions pour des stars. C’est sans doute aussi parce qu’il est certainement plus simple, pour lui, de faire adhérer à son projet un groupe de joueurs plus « méconnus ».
Les tactiques de Marcelo Bielsa
Marcelo Bielsa est un entraîneur qui souhaite imposer son style de jeu ultra offensif aux adversaires et peu importe si l’effectif est décrit par certains comme « limité ». Pour cela, l’Argentin utilise principalement deux formations. Les options tactiques sont uniquement déterminées par des joueurs différents, avec des caractéristiques différentes, mais au même poste.
Le Leeds de Marcelo Bielsa en 4-1-4-1 au tableau noir
En deux ans, avec cette formation, Bielsa a fait d’un modeste treizième de Championship une équipe rivalisant avec le Liverpool de Kloop et le Manchester City de Guardiola en ouverture de la saison 2020/2021.
Une intensité défensive sur l’ensemble du terrain
En bases défensives, il demanda à ses joueurs de mettre beaucoup d’intensité défensive. L’effort, l’agressivité et les courses défensives sont mis en avant mais absolument pas n’importe comment. Du fait de son projet de jeu offensif, Bielsa est obligé d’être d’une exigence extrême concernant le repli défensif. Sinon ses équipes perdraient une certaine forme d’équilibre. Comme il le dit lui-même « Quand tu as le ballon, il faut se démarquer […] Mais plus tu te démarques et plus ton repli défensif devient complexe […] En rendant ton repli défensif plus complexe, tu mets en danger ton but, mais si tu ne prends pas de risques, tu perds rapidement le ballon et tu le donnes à l’adversaire, qui dispose alors du ballon pour attaquer. » Derrière ce discours, une véritable science de l’espace qui doit être assimilée par les joueurs afin qu’ils soient en capacité de rattraper un décalage ou de soutenir un partenaire.
Offensivement, du mouvement et des transitions rapides
Ensuite en attaque, les joueurs répètent presque à l’excès leurs gammes concernant les circuits de passes préférentiels. Et le gardien n’est d’ailleurs pas exclu de ces circuits de passe. Avec son 4-1-4-1 il peut plus facilement assurer les sorties de balle. Pour simplifier les choses, concernant ces circuits de passe, ils permettent souvent d’opérer une fixation à l’intérieur pour libérer les espaces sur les côtés. Offensivement, la particularité du Leeds de Marcelo Bielsa est d’être dangereux en phase de transition rapide tout en ayant pourtant majoritairement le ballon. Le moindre coup de pied adverse s’est en effet transformé en opportunité d’attaque.
Enfin, il est intransigeant notamment sur les courses effectuées par ses joueurs « Le football est mouvement et déplacement. (…) il n’existe pas une raison valable pour qu’un joueur soit à l’arrêt sur la pelouse. » C’est ainsi un excellent moyen pour créer des triangles dans toutes les zones du terrain et permettre une progression fluide du ballon. C’est ainsi que Leeds a la capacité d’étouffer son adversaire.
Son schéma de prédilection en 3-3-3-1
C’est sans doute le système le plus utilisé par Marcelo Bielsa. Ce fut le cas avec la sélection olympique argentine, Bilbao ou encore l’OM. Dans ce schéma le gardien relance court avec trois défenseurs qui offrent des solutions. A cela s’ajoute les décrochages du milieu défensif en cas de pressing. Cette phase avec des joueurs à disposition du gardien permet d’étirer dès les premières passes le bloc adverse et ainsi trouver une ligne de passe dans les intervalles. Les défenseurs ( choisis pour leurs qualités techniques supérieures) n’hésitent pas à redoubler les passes sur toute la largeur ou porter le ballon pour éliminer un adversaire et trouver la passe verticale et le joueur démarqué entre les lignes. Si ces solutions de jeu sont « fermées », les défenseurs peuvent allonger vers un joueur extérieur qui a le rôle de piston.
Dézonage et permutations offensives
Ensuite, il existe de vrais dézonages et permutations de la part des joueurs offensifs pour offrir des solutions au porteur. Du jeu en triangle, des « unes-deux », ou encore des « passe et suit » sont également régulièrement mis en place. Dans le même temps, Marcelo Bielsa demande de fixer d’un côté puis renverser à l’opposé. Enfin, dans les phases de finition, les équipes du technicien argentin usent des centres aux abords de la surface avec des joueurs qui arrivent lancés dans cette dernière. Enfin dans les 25 derniers mètres ses joueurs aiment chercher la petite passe verticale qui va procurer une occasion de but.
Le difficile équilibre entre marquage individuel et harcèlement du porteur
Défensivement, Marcelo Bielsa ne transige pas avec l’effort physique. Il existe un vrai travail de pressing à la perte de balle. Et aucun joueur ne peut échapper à ce travail défensif. Cependant, le premier « harceleur » a pour interdiction de se jeter et de se faire vite éliminer. Ce premier défenseur doit en priorité couper les lignes de passe et forcer le porteur à précipiter sa relance. Ce pressing permet de récupérer haut et de suite mettre en difficulté l’adversaire. Ensuite, sur phases de jeu posé, Marcelo Bielsa est clairement un adepte du marquage individuel. Enfin, en défense, Bielsa souhaite qu’il y ait toujours un défenseur central de plus que le nombre d’attaquants adverses. Ainsi, lorsque qu’il y a deux attaquants, trois défenseurs centraux sont en place. Deux sont au marquage tandis que le troisième reste en couverture.
Le parcours d’entraîneur de Marcelo Bielsa
Marcelo Bielsa a très souvent entraîné des clubs ayant une identité très forte : Des Newell’s Old Boys, son club de cœur, à Leeds en passant par l’Athletic Bilbao et l’Olympique de Marseille.
Les débuts de Marcelo Bielsa aux Newell’s Old Boys
Bielsa débute en tant qu’entraîneur dans le club où il était devenu joueur de football professionnel. Ses débuts se font au sein des catégories de jeunes où il aidera à faire éclore les futurs internationaux argentins Abel Balbo, Roberto Sensini et Gabriel Batistuta.
L’équipe première des Newell’s Old Boys lui est confiée pour la saison 1990/1991. Pour sa première saison à la tête du club, il choisit de faire confiance à un groupe de joueurs très jeunes avec en défense centrale un certain Mauricio Pochettino âgé alors de 18 ans. Il remporte immédiatement le tournoi d’ouverture du championnat, et au terme de la saison ils sont champions d’Argentine en battant Boca Juniors en finale et sont alors qualifiés pour la Copa Libertadores 1992.
La saison suivante (1991-1992), la bande de Bielsa remporte cette fois le tournoi de clôture. Hélas, les Newell’s Old Boys s’inclinent en finale contre River Plate. Néanmoins ils sont, à nouveau, qualifiés pour la Copa Libertadores. Pour l’édition 1992 de cette grande compétition sud-américaine, les hommes de Bielsa atteignent la finale. Cependant ils s’y inclinent de justesse face aux Brésiliens de Sao Paulo dirigés alors par Telê Santana. Au terme de cette compétition Marcelo Bielsa quitte ses fonctions.
Les peu concluantes expériences mexicaines
A l’été 1992, Marcelo Bielsa le club mexicain de l’Atlas CF. Le rôle qui lui est dévolu est celui de diriger le centre de formation afin de le restructurer. En cours de saison, il remplacera au pied levé l’entraîneur de l’équipe première, mais les résultats furent assez quelconques. La seconde saison est un peu mieux. Cependant après une altercation avec un préparateur physique, El loco quitte le club et prend une année sabbatique.
Pour la saison 1995-1996, c’est le Club América qui fait appel à ses services. Il est alors champion d’automne. Cependant, durant la phase retour, il est limogé après trois défaites de rang et ce, bien que son équipe se soit qualifiée pour pour les playoffs.
Son retour en Argentine au club de Vélez Sarsfield
En 1997, Marcelo Bielsa revient au pays pour entraîner le club de Vélez Sarsfield. Avec des joueurs tels que José Luis Chilavert ou encore Lucas Castromán, il réalise un très bon championnat d’ouverture en terminant à la quatrième place. Puis il enchaîne en remportant le tournoi de clôture. Au classement cumulé, le Vélez Sarsfield de Bielsa est déclaré champion d’Argentine. Pour la (très) petite histoire, c’est à cette époque que le président du Phénix United a découvert cet entraîneur charismatique.
Bielsa à la tête de l’Albiceleste
En 1998, après un très bref passage à l’Espanyol de Barcelone (6 matches), Marcelo Bielsa est appelé à la tête de la sélection argentine en septembre. Il remplace Daniel Passarella en conflit avec certains joueurs et qui n’a pas pu apporter un nouveau titre à l’Argentine. Sous ses ordres, après une mise en route un peu difficile, l’Albiceleste propose un jeu flambloyant et s’impose comme l’une des meilleures équipes du monde. Marcelo Bielsa remporta même le titre de meilleur sélectionneur national du monde en 2001 ! Pourtant favori, le mondial 2002 est un terrible échec pour l’Argentine. En effet, il se retrouve dans le « groupe de la mort » et sont défait dès le 1er tour.
El Loco est maintenu à son poste et opère un changement de génération. En 2004, il atteint avec ses hommes la finale de la Copa America, hélas perdue contre le rival Brésilien (2-2, 2-4 t.a.b). Bielsa enchaîne rapidement avec la sélection olympique et remporte la première médaille d’or aux Jeux olympiques pour le football argentin. A ses yeux, cette victoire semble mettre fin à un cycle. Il démissionne donc de son poste de sélectionneur deux semaines plus tard, après un succès 3-1 au Pérou en qualifications pour la Coupe du Monde 2006.
La reconstruction de la sélection du Chili
En août 2007, il est appelé à la tête de l’équipe du Chili. Cette sélection, alors 45eme nation au classement FIFA, ne s’est alors pas qualifiée pour les deux derniers Coupe du Monde. Bielsa réorganise l’ensemble des sélections nationales et la formation des jeunes. Les résultats de la Roja s’améliorent très rapidement. Ils se qualifient même pour la Coupe du Monde 2010 en finissant deuxième du groupe de qualification sud-américain à un point seulement du Brésil.
Lors de ce Mondial sud-africain, le Chili remporte son premier match de Coupe du monde depuis 1962 ! Mais surtout il passe le premier tour, en terminant à la seconde place de son groupe, après s’être incliné (1–2) contre l’Espagne, futur vainqueur de la compétition. Le Chile s’incline en huitième de finale face au Brésil. Cependant, les hommes de Bielsa ont séduit toute la planète football. Ils sont même accueillis comme des héros dans leur pays. A la suite de luttes de pouvoir à la tête de la fédération, Marcelo Bielsa quitte son poste en Février 2011. Il laisse une équipe classée 13eme du classement FIFA.
Changer le style de l’Athletic Bilbao
Il est souvent oublié que Marcelo Bielsa fut nommé entraîneur de l’Athletic Bilbao en Juillet 2011 avec comme mission de modifier radicalement la philosophie de jeu du club basque. Fondé par des Anglais, le club possédait alors un jeu direct proche du « Kick and rush ». C’est une vraie révolution qu’entreprend alors Bielsa ! Logiquement, les débuts en championnat sont très difficiles mais finalement le club termine la saison 10eme. Parallèlement, l’Athletic Bilbao atteint la finale de la Ligue Europa qu’il perd 3-0 en finale face à l’Atlético de Madrid, et la finale de la Coupe du Roi qu’il perd face au FC Barcelone (3-0).
Pour sa seconde saison à la tête de l’équipe basque, Bielsa doit se passer de deux de ses cadres (Fernando Llorente, Javi Martínez). Cela fragilise l’édifice mis en place par El loco. La saison 2012-2013 est pénible. Le club termine à une modeste 12eme place, ne passe pas la phase de groupe de la Ligue Europa et subit une élimination en coupe du Roi dès son entrée en lice face au SD Eibar, alors pensionnaire de troisième division. Marcelo Bielsa prend acte de la situation et quitte son poste d’entraîneur de l’Athletic Bilbao.
Le passage de Marcelo Bielsa à l’OM
Après une triste saison 2013-2014 -avec une 6eme place en championnat et surtout un piteux bilan de zéro point en phase de poule lors de la campagne en Ligue des champions qui se matérialise par un bilan de zéro point en phase de poules- l’Olympique de Marseille annonce la signature de Marcelo Bielsa. Avec un effectif quasi inchangé l’OM régale très vite ses supporters. A mi-saison les Marseillais sont en tête de la Ligue 1. La seconde partie de saison est plus difficile. Les départs à la CAN et une certaine fatigue des joueurs font que le club termine à la 4eme place et rate de peu la Ligue des Champions.
A la surprise générale, lors de la première journée de championnat de sa seconde saison au club, Marcelo Bielsa démissionne de son poste d’entraîneur en raison d’un désaccord avec la direction du club. Toutefois, en une seule saison, il est devenu une idole pour nombre de supporters de l’OM en faisant pratiquer à son équipe un football offensif, audacieux et spectaculaire.
L’incompatibilité avec le nouveau projet du LOSC
Après sa vraie fausse arrivée à la Lazio de Rome en 2016, Marcelo Bielsa débarque à Lille en Juillet 2017. Gérard Lopez et Marc Ingla, respectivement nouveau propriétaire et Directeur Général du club de Lille, voient en lui un homme capable de « valoriser » les jeunes joueurs que le nouveau LOSC souhaite acheter.
Cependant rien ne se passe comme prévu, et le Lille de Bielsa se retrouve fin Novembre à l’avant-dernière place de la Ligue 1. Le club décide de le suspendre de son poste puis son contrat est résilié. Ce fiasco s’explique par le fait que le groupe n’était pas totalement réceptif aux méthodes du coach argentin et que Marcelo Bielsa n’a pas eu le temps -comme il avait eu ailleurs – de développer son travail et sa philosophie de jeu.
L’artisan de la renaissance du Leeds United
En Juin 2018, lorsque Marcelo Bielsa signe à Leeds United, le club évolue en D2 anglaise. Ses supporters sont en souffrance depuis seize longues années. En effet, après avoir été relégué de Premier League en championship à l’issue de la saison 2003-2004, Leeds n’est jamais remonté et à même connu pendant trois années la League One (D3 anglaise). Le technicien argentin hérite d’un effectif qui a terminé la saison précédente à la 13eme place de championship.
Pour cette première saison, le style de Marcelo Bielsa colle rapidement au club de Leeds. Pendant de nombreuses journées, son équipe occupe les deux premières places synonymes de montée directe en Premiere League. Hélas, après un « trou d’air » les hommes de Bielsa doivent passer par les barrages pour jouer la montée. Mais dès les demi-finales des playoffs, Les Peacocks se font sortir par Derby County.
La seconde saison, Leeds fait une saison pleine. Il termine à la première place de leur championnat et obtient sa promotion en Premier League. Le football que propose son Leeds ravit les fans et les spécialistes du football. Dans le même temps, Leeds n’encaisse que 35 buts en 46 matchs Ce qui fait du Leeds de Bielsa la meilleure défense de Championship. Enfin, Marcelo Bielsa a obtenu ce titre avec 10 points d’avance sur le second, ce qui n’était jamais arrivé dans l’histoire de la Championship.
Alors Bielsa, un entraîneur qui ne gagne rien ?
Il est évident que son aura est bien plus grande que son palmarès. Inutile de le nier. Cependant, comme vous avez pu le voir son parcours n’est pas vierge de tout trophée. Même si ses détracteurs aiment à répéter qu’il n’a rien gagné. Il a remporté trois fois le championnat d’Argentine, non pas avec River Plate ou Boca Juniors, mais avec des équipes relativement modestes. Ensuite, il a quand même obtenu la médaille d’or aux Jeux olympiques en 2004, la première de l’Argentine dans cette compétition. Enfin, il a également remporté le titre de Champion de Championship.
Enfin, même s’il ne les a pas gagnées, il a atteint les finales de la Copa Libertadores en 1992, de la Copa América en 2002, de la finale de la Ligue Europa et enfin de la Coupe du Roi. Combien d’entraîneurs au monde peuvent présenter un tel bilan ? Peu ! En Premier League par exemple cette saison, seuls Pep Guardiola, José Mourinho, Carlo Ancelotti et Jürgen Klopp ont remporté plus de trophées que Marcelo Bielsa. Pas mal pour un entraîneur qui ne gagne rien !
Les personnes qui le dénigrent sont ceux qui se campent dans la culture du résultat, dans le culte de l’hyper réalisme. En France, ce sont –journalistes ou suiveurs- qui développent l’idée que seuls les vainqueurs ont raisons. ces détracteurs sont accrochés à leurs certitudes nées de la réussite de France 98 et de Didier Deschamps. Pourtant qu’ils le veuillent ou non Marcelo Bielsa laissera une trace dans le football bien plus grande que 90% des entraîneurs.
Bielsa : un personnage qui fascine des supporters aux coaches adverses
Bielsa sources d’inspiration majeures
Il est cité en référence par de grands coaches et non des moindres. Ped Guardiola l’appelle ni plus ni moins « le maître » et le cite régulièrement comme l’une de ses sources d’inspirations majeures. Son compatriote Mauricio Pochettino, l’ancien entraîneur de Tottenham, le surnomme « son père en football ». Enfin, Jürgen Klopp dit de lui que « C’est une source d’inspiration pour tous les entraîneurs ». Bielsa est important au football, non pas pour ses titres mais bien parce qu’il change le football.
Une idole pour les supporters
Grâce au style de jeu qu’il impose à ses équipes, Marcelo Bielsa apporte de l’émotion aux gens. Il ne laisse que des souvenirs enflammés partout où il passe. Il y a presque quelque chose d’irrationnel dans le rapport qu’ont ces supporters à Marcelo Bielsa. Tant est si bien, que la ville de Leeds a rebaptisé à son nom une rue, qu’une fresque est peinte à son effigie à Leeds, que des Basques ont un tatouage le représentant sur le corps ou qu’enfin des Marseillais ont créé le mouvement « San Marcelo ».
Pourquoi nous aimons Marcelo Bielsa au Phénix United ?
Tout d’abord parce que Bielsa est capable de théoriser le football comme une science. Il fait avancer le football comme peu le font. De plus, le football à travers son spectre est aussi et surtout une question d’éthique et d’honneur. Et cela, c’est le cœur de l’école de pensée bielsiste et du projet du Phénix United.