L’art et le foot : deux domaines que tout oppose ? Nous pensons que non ! D’ailleurs le pari qu’a fait le Phénix United est bien celui de mêler football et culture au sein d’une même structure. Bien entendu, d’autres ont déjà exploré la relation entre le sport et l’art. C’est le cas notamment dans le domaine de la photographie. Cette dernière possédant une capacité naturelle à capturer en un instantané le mouvement, la puissance, l’émotion et même une histoire.

Ainsi, le Phénix United ne pouvait -bien sûr- pas faire l’économie d’un article sur la place du sport dans la photographie,  sachant qu’un de ses membres fondateurs s’y est exercé.

 

La place du sport dans l’art

Sport et Art : Un lien ancien

Le sport est présent dans l’art depuis des siècles. En effet, depuis l’Antiquité et jusqu’à nos jours, le thème du sport dans l’Art a connu de nombreux traitements. Ce mariage entre sport et art a notamment connu un essor durant la Grèce Antique. Au sein de celle-ci, plus que le sport en lui-même,  c’est l’athlète qui est représenté et valorisé au sein de l’Art.  Ainsi les artistes s’inspirent déjà des proportions et de la musculature du corps. Même les sculptures de l’époque réussissent à suggérer le mouvement ou le déplacement.

Plus tard, Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux Olympiques modernes affirmait que le sport et les arts étaient inextricablement liés. Entre 1912 et 1948, des compétitions artistiques ont d’ailleurs fait partie des Jeux Olympiques. Des épreuves étaient organisées et des médailles décernées dans cinq catégories : l’architecture, la littérature, la musique, la peinture et la sculpture. Ces compétitions ont été abandonnées en 1954 car les artistes devenaient professionnels tandis que les athlètes olympiques se devaient d’être amateurs selon les critères olympiques en vigueur à l’époque.

Sport et Art : vecteurs d’émotions et créateurs de souvenirs

Au sein de notre culture et de notre histoire le sport et l’art sont des éléments importants. Les amateurs d’art et de sport ont plus en commun que ce qu’ils n’imaginent. Tout d’abord, ils peuvent même être vus comme des partenaires par l’aspect esthétique de certaines disciplines. C’est le cas notamment de la natation synchronisée ou du patinage artistique. Ensuite, le sport et l’art sont deux langages universels avec acteurs mais aussi spectateurs ! Sport et Art sont des sphères de création qui ont pour but l’expression d’un besoin, d’une émotion. Dans les deux cas, cette expression possède des spectateurs. Une certaine forme de morale et d’humanisme est également à l’œuvre dans le sport et l’art. On y retrouve, par exemple, la notion d’héroïsme, de doute ou encore de justice. Si connexion il y a entre le spectateur et « l’acteur », cette transmission crée d’une émotion qui restera en mémoire.

 

La place de la photographie dans le sport

Dans ce contexte général, qu’en est-il de la photographie ? Notre société contemporaine est largement tournée vers l’image et l’importance du sport est toujours grandissante. L’art de la photographie est probablement le plus représentatif des arts ayant le sport comme support. En effet, la photographie est le moyen le plus rapide et le plus facile de capturer des images. Dans le domaine sportif, les clichés sont très souvent pris sur le vif. Deux « portes d’entrée » peuvent être alors évoquées au sein de la photographie traitant du sport.

La photographie de sport au sein du photojournalisme

Quand on pense photographie de sport on pense immédiatement aux photos d’athlètes en pleine action. Cependant, ce type de photographie ne peut se résumer à cela. Il y a aussi tout le travail sur les coulisses ou les portraits. Le photojournalisme est clairement protéiforme. Toutes les semaines, L’équipe Magazine nous nous offre un très bel aperçu de ce qui est pratiqué, réalisé dans ce domaine. Il existe un nombre très important de très grandes photos qui ont marqué l’histoire parfois au-delà du sport. Leurs rendus photographiques ainsi que leur puissance émotionnelle font que la photographie de sport devient une grande photo. Est-elle artistique ? J’aurais tendance à dire que oui ! Cependant ce n’est sans doute pas à moi de définir la frontière avec l’Art ou bien ce qu’est une photo d’art sportive.

Comment nous définissons la photographie d’art sportive

A notre sens, une « grande photo » c’est d’abord une histoire empreinte d’émotions qui se raconte sous nos yeux. C’est une partie de ce qui fait l’art. Ainsi, la photo doit être capable d’intéresser, de questionner sur le sujet dans cinq ou dix ans. La photographie d’art sportive ne peut se résumer qu’à n’être un simple reflet d’une réalité.

De grands noms de la photographie sportive ont su marier sport et art.  C’est le cas de l’Américain Neil Leifer. Nous connaissons tous la célèbre photo de Muhammad Ali dominant son adversaire Sonny Liston, au tapis. Outre-Atlantique, nous pouvons également citer Heinz Kluetmeier et Walter Looss. En France, nous pouvons citer Gérard Vandystadt, Robert Legros, Franck Seguin ou encore André Lecoq.

 

Les exemples de photographies de sport artistiques

Le mieux est sans doute de vous proposer différents exemples d’œuvres réalisées sur le thème du sport. certaines sont devenues mythiques tant elles réunissent en un cliché un grand moment, plein d’émotion et parfaitement construit.

Le Black Power de JO de Mexico en 1968

C’est tout un symbole qu’immortalise cette photographie de John Dominis en 1968. Les sprinters Américains Tommie Smith (médaille d’or) et John Carlos (médaille de bronze) profitent de leur podium aux JO pour adresser un message à l’Amérique et au monde entier : munis de gants noirs à  l’image des Blacks Panthers,  le poing levé et la tête baissée, ils deviennent un symbole de la lutte des Noirs pour les droits civiques. Ce geste contre la discrimination leur coûtera –hélas- leur carrière sportive.

Le KO de Cleveland Williams contre Mohammed Ali en 1966

Cette photographie est aussi exceptionnelle que le match fut mythique. Elle fut prise par Niel Leife le 14 novembre 1966 lors du championnat du monde des poids lourds opposant Mohamed Ali à Cleveland Williams. Nous voyons ici Mohammed Ali infliger un K.O à son adversaire du jour. Mais surtout cette prise de vue nous donne à voir le ring d’en haut et nous extirpe de la ferveur du match. Artistique, elle nous contraint à nous concentrer sur le contraste entre les deux combattants.

Sport et Art: La victoire de Yannick Noah à Roland-Garros en 1983

Nous avons également une affection particulière pour la photo prise par Serge Philippot à l’issue de la finale de Roland-Garros opposant Yannick Noah à Matt Wilanders. Ce dimanche 5 Juin 1983, Yannick Noah, tout juste vainqueur de Roland Garros, retrouve son père Zacharie descendu sur le central. On y voit toute la force de l’émotion, celle d’un vainqueur de grand chelem (On ne sait plus si Yannick rit ou s’il pleure), d’un père mais aussi d’un anonyme ayant fait irruption sur le court.

La photographie artistique de sport n’est pas uniquement dédiée aux stars

En effet, la beauté de certains clichés de sportifs plus « anonymes ». C’est le cas de cette magnifique photographie de 1950 publié alors dans l’Equipe. On y retrouve toute la beauté de la transmission intergénérationnelle. Jean Palluch joueur de football du Havre, accroupi, les pieds pataugeant dans la boue d’un terrain, pose le ballon de cuir devant le pied d’un jeune enfant pour lui apprendre à frapper. C’est une photo à la fois touchante et parfaitement construite.

 

 

Sport et Art: L’une des membres du Phénix United a déjà travaillé sur ce mariage

En 2014, Benoit l’un des membres fondateurs du Phénix United a déjà travaillé avec l’actuel président du Phénix à mettre en œuvre la citation de Jules Rimet  « travailler le corps et éveiller l’esprit en même temps ». A l’époque, Benoit était élève aux beaux-arts de Caen et le président du Phénix était dirigeant du Hastings FC. Ils ont permis la rencontre entre le football amateur et l’art.

Benoit avait, à l’époque, choisi de vivre plusieurs mois en immersion dans ce club amateur pour s’imprégner du contexte et de ses lieux de vie : match, terrain, supporters, couloirs, vestiaires, buvette…La résultat de ce long travail se donna à voir en décembre 2014 lors d’une exposition intitulée Temps de jeu domiciliée à l’atelier de création Lapage Workshop. Avec notamment une série de photographies en noir et blanc, Benoit restitua artistiquement la complexité et la richesse du club dans toutes ses dimensions, sportives, éducatives, culturelles, sociales et conviviales.

Ce fut également l’occasion de faire le lien entre les « gens » et l’art. Cela permit à certains membres du club de contempler des œuvres pour la première fois. Inconsciemment, l’idée du Phénix avait peut-être déjà germé à ce moment !